La maison de la Cité de Cheratte
"Celle-ci se compose d'un rez-de-chaussée, d'un étage et un grenier. Au début on habitait le bas et une autre famille habitait le haut. Dans le bas il y avait trois pièces. Un petit salon salle à manger, une petite cuisine, une très petite arrière cuisine et un WC. Comme on n'avait pas de chambres, c'est dans le petit salon que ma mère dressait toutes les nuits les lits. On n'avait pas froid car il y avait un petit poêle à charbon. Dans la cuisine il y avait un grand poêle à charbon pour nous chauffer, mais il servait surtout à cuisiner et à chauffer la grande bassine d'eau pour se laver, car on n'avait pas de salle de bain. La bassine servait aussi pour tremper les vêtements de la mine, avant de les mettre dans la lessiveuse. La petite arrière cuisine, servait de buanderie.
Il y avait un évier qui servait non seulement à faire la vaisselle, mais aussi de lavabo. Il y avait trois portes. Une qui donnait accès à la cave à charbon, une autre qui donnait à la cuisine et une autre qui donnait sur un sas d'entrée avec le WC. Vers la fin de l'année 1958, la famille qui habitait l'étage a déménagé. Mon père demande aux Autorités de la mine d'occuper toute la maison. On lui accorde au début de l'année 1951. Nous étions tous très heureux parce que pour la première fois de notre vie, nous avions un logement où chacun aurait sa propre chambre à coucher".
Qu'est-ce qui vous a le plus marqué une fois à Liège ?
" Presque rien dit Antonio. '' On était déjà habitué à vivre dans un logement social là-bas à Sallent. Ici à Cheratte on a vécu vingt ans,
dans la même maison. Il est vrai aussi qu'on avait plus de confort qu'à Sallent. En ce qui concerne l'apprentissage du français, mon frère qui avait deux ans et moi qui en avait sept, on l'a appris rapidement. Mon père a eu un peu plus difficile. Par contre ma mère a mis beaucoup plus de temps parce que ses voisines étaient italiennes et c'est dans cette langue qu'elles conversaient. Mes parents étaient heureux. Ils ne regrettaient pas d'avoir émigré. Il est vrai que le travail de mon père était pénible mais il était mieux rémunéré qu'en Espagne. Et nous n'avions plus de dettes dans les magasins! Disait mon père en plaisantant.
Francisco a un travail, un logement, une épouse et ses deux fils à ses cotés. Que demandé de plus à la vie? Disait-il. Nous avons eu de la chance d'être ici en 1958. En effet, la Belgique organisait l'Exposition Universelle cette année-là. A part l'Atomium qui est le monument qui symbolise la Belgique, c'est le Pavillon de l'URSS qui nous a le plus marqué. Nous avons été émerveillé par le 'Spoutnik' et la chienne Layla qui avait voyagé dans l'espace.
Au charbonnage, Francisco est très apprécié et respecté par la majorité des mineurs, car il défend les droits de ceux-ci, sans être délégué syndical. Mais le bouche à oreilles veut qu'il soit reconnu comme le petit espagnol avec moustache qui aide à résoudre les problèmes. Il a fait grève et manifesté lors de la grande grève de l'hiver 1960/1961. Les dimanches, il fréquente régulièrement la Maison du Peuple de Liège qui s'appelle La Populaire, et est le siège du Parti Socialiste Belge.
Ce Centre accueillera en son sein l'Association Républicaine Espagnole de Liège. Beaucoup d'espagnol fréquent La Populaire pour partager des opinions et boire un verre. Francisco montre un grand intérêt pour les activités de cette organisation, et il se fait beaucoup d'amis.
Vers la fin de l'année 1961, un ami l'invite à participer au développement du Club Federico García Lorca (CFGL). A cette date, le siège du Club se trouve Rue du Mont Saint Martin à Liège. Il est connu de la colonie espagnole pour son aide sociale et culturelle. Le Club est dans une phase croissante de développement avec l'arrivée massive d'émigrants espagnols. Francisco sollicite son carnet de membre et rapidement il s'incorpore dans le comité de direction du Club. Peu après, il sera invité par les membres du Parti Communiste Espagnol (PCE) pour en devenir membres. Pour des raisons de sécurité, le PCE est organisé en petites cellules. Francisco et d'autres Camarades créeront la cellule de Cheratte. Il faut bien se souvenir que nos parents militaient dans la clandestinité.
1962: La grève des mineurs asturiens. (6)
En Espagne, la lutte contre la dictature s'accroît de jour en jour. La peur du Régime diminue peu à peu chaque jour, et la solidarité, n'a pas de frontières. Le vent de liberté des mineurs asturiens arrive jusqu'à Liège. Le Club Federico García Lorca organise en ville de nombreuses activités de solidarité en faveur des mineurs asturiens. Francisco qui est également mineur, se solidarise et jouera un grand rôle dans la mine de Cheratte, en se faisant le porte-voix de la lutte exemplaire des mineurs asturiens.
Francisco qui est également mineur, se solidarise et jouera un grand rôle, en se faisant le porte-voix de la lutte exemplaire des mineurs asturiens. Francisco sera élu Secrétaire du PCE de Liège et il devra assumer durant son Mandat deux événements politiques très graves en Espagne.. Le 20 avril 1963, Julián Grimau (7), responsable de la direction du PCE en Espagne est arrêté et interrogé