Coups de pinceaux dans le creux d’un souvenir.(13) Le 14 avril : ¡Viva la República !
Il 79 ans après la proclamation de la deuxième République espagnole( 1), le mois d’avril est toujours synonyme de souvenir et de célébration pour de nombreux démocrates Espagnols. Durant toute la longue période d’exil forcé, des milliers de compatriotes n’ont jamais cessé de fêter le 14 avril ; la fête de la République espagnole. À Liège, les actes commémoratifs se déroulaient dans la salle la Populaire et ensuite dans le théâtre du Trocadéro. Un étrange amalgame d’émotions envahissait année après année ces hommes et ces femmes qui continuaient à croire et lutter pour des valeurs républicaines : la joie de se retrouver et clamer publiquement leurs idées, la fierté de chanter l’hymne de Riego le poing serré, la satisfaction de porter un ruban tricolore sur le revers de leur veste, la rage de savoir que les prisons de Franco étaient pleines d’hommes et de femmes injustement incarcérés et condamnés pour avoir voulu un monde meilleur… mais finalement la certitude et l’espoir qu’un jour le pays retrouverait sa Liberté.
Le symbolisme de cette journée était aussi présent chez de nombreux Belges qui accompagnaient les émigrés espagnols dans leurs commémorations. Nos parents se faisaient un devoir de nous y amener et de nous inculquer des myriades de valeurs qui nous accompagneraient durant toute notre vie. Ainsi donc si aujourd’hui encore nous participons à des actes un peu partout en Espagne ou en Belgique, c’est non seulement parce que nous croyons que revendiquer la République en Espagne est un droit voire même un devoir pour certains. Mais c’est aussi parce que par la même occasion, nous rendons hommage à nos parents et grands-parents. SALUD Y VIVA LA TERCERA REPÚBLICA. Georgina Muñoz Gil
(1)L'histoire de la seconde République espagnole, née en 1931, ne se résume pas à l'épisode tragique de la Guerre civile. En dépit de l'opposition des secteurs les plus conservateurs de la société, les dirigeants républicains ont voulu promouvoir une autre vision de l'Espagne, débarrassée de tous ses archaïsmes, et se sont efforcés d'enraciner de nouveaux idéaux dans la conscience populaire. Une orientation nouvelle fut ainsi donnée à la politique étrangère du pays, jusqu'alors incapable de défendre une ligne de conduite véritablement indépendante des grandes puissances. La République se dota d'une constitution résolument moderne, qui intégrait les préceptes de la Société des Nations. Bénéficiant d'un prestige considérable hors de ses frontières et désirant jouer un rôle actif en faveur de la paix mondiale, elle se trouva confrontée, de façon intense et directe, aux grandes questions internationales, dans un contexte de tensions et de crise marqué par l'agression japonaise en Mandchourie et l'invasion de l'Ethiopie par les forces italiennes. Le pacifisme et l'humanisme de la République espagnole heurtèrent de front les intérêts égoïstes des grandes puissances européennes, tandis que sa légitimité était contestée par les forces les plus réactionnaires de " l'ancienne Espagne ", dont les propriétaires terriens et l'Eglise. Son engagement généreux en faveur de la paix internationale ne lui fut d'aucun secours au moment de faire valoir son droit légitime à assurer sa défense contre l'agression des forces franquistes, aidées par l'Allemagne nazie et l'Italie fasciste. Au nom de la non-intervention, les grandes démocraties, particulièrement l'Angleterre, fermèrent les yeux sur l'action des puissances de l'Axe, tandis que la France de Léon Blum accordait une aide militaire discrète à la République et permettait le passage des Brigades internationales par ses frontières. L'écrasement de la République espagnole, avec son lot de drames, dont le bombardement de Guernica par l'armée allemande, marqua la faillite collective de l'idéal démocratique né dans les années 1930. La conclusion de la guerre d'Espagne signifia non seulement la fin des espérances nées de la Société des Nations, mais aussi l'annonce de nouveaux affrontements pour la domination du monde. ( Réf : Jean François Beldah)
Chroniques Correspondants Par Georgina Muñoz
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