Question: Mario, explique-nous ce qui te motive le plus dans ce projet.
Le devoir de mémoire vis-à-vis de mes parents et de toutes celles et tous ceux qui ont vécu l’exil, parfois l’enfer et des humiliations, à cause d’une dictature ignoble. La volonté, aussi, de transmettre aux nouvelles générations des faits et témoignages, pour certains encore vivants, pour ne pas oublier, avec le temps qui passe.
Question : Comment est né ce projet et pourquoi maintenant ?
A vrai dire, c’est une longue histoire...
Comme tant d’autres parmi nous, j’ai accompagné souvent des camarades à leur dernière demeure. Petit à petit je me rendais compte que parfois j’ignorais tout, ou presque, de la vie de nombreux camarades, qui avaient passé des nombreuses années à combattre pour le rétablissement de la démocratie en Espagne et que pourtant, parfois, j’avais longuement côtoyés.
Je ressentais souvent un énorme vide à chaque fois...
Et à chaque fois cela recommençait... Il fallait faire quelque chose...
Le déclic est intervenu il y a quelques mois, lors de l’enterrement de la camarade Vidala, après avoir entendu l’hommage que son fils Manolo lui a rendu au cimetière.
J’ignorais pratiquement tout de la vie courageuse de cette femme, exemplaire comme tant et tant d’autres antifranquistes que j’ai côtoyés. Etais-je le seul ?
Un court échange de courrier avec Manolo et une lettre d’intentions était envoyé à quelques camarades en vue de confronter nos points de vue et envisager de concevoir un ensemble d’activités autour de la mémoire de nos parents.
Question : S’agit-il d’un moment de nostalgie ?
Nullement !
Comme a écrit Primo Levi, écrivain et antifasciste italien, « Qui oublierait son passé, serait condamné à le revivre ».
Il s’agit de connaitre et faire connaitre nos racines dans une perspective historique. Pour mieux comprendre aussi ce qui s’y passe aujourd’hui avec d’autres peuples et d’autres immigrés.
Mario Lada