Jesús Hernández, Marcela Solé, Stéphane Pauvert, de la Courneuve José Camacho et son frère, originaires d’ El Gordo (Extrémadure) et de Gonesse (loin) Marie-Luz Luengo. Il y avait foule pour écouter les personnalités qui firent l’éloge du rôle admirable et inoubliable des Brigadistes en Espagne. Devaient être là, également, parmi la foule, Irène Tenèze, de AAGEF-FFI (Association des Anciens Guérilleros en France-FFI) et Jean-Pierre Hemmen (fils du brigadiste de la XIVème Brigade, Jean Hemmen), qui promirent de venir.
Claire Rol-Tanguy, fille d’Henri Rol-Tanguy l’a dit à juste titre : « Pour mobiliser autant d’énergie la cause devait être juste, évidente » et de l’avenue Mathurin Moreau, avec le Parti Communiste Français et la CGT, dont les rôles furent essentiels, on accueillit les volontaires de tous les pays, que l’Espagne reçut avec grande allégresse et fraternité. En effet, ces hommes disaient : « Je suis volontaire et je donnerai jusqu’à la dernière goutte de mon sang pour sauver la liberté de l’Espagne, du monde ». Du 8 novembre 1936 au 20 novembre le Vème Régiment avec le Général Líster prit position dans la Cité Universitaire de Madrid, avec plusieurs bataillons, parmi eux le Garibaldi, la XIIème Brigade, ils sauvèrent Madrid. C’étaient des troupes de choc, des hommes et des femmes de 54 nationalités. Ceux qui survivent ressentent une grande fierté d’avoir aidé le peuple espagnol. Soixante ans après, en 1996, on leur concéda la nationalité espagnole mais le 22 octobre le monument inauguré dans la Cité Universitaire fut vandalisé par les héritiers du franquisme ; le travail de l’ACER est actuel », (c’est pourquoi dans la défense des services publics, dans une manifestation madrilène, une manifestante offrit à Claire Rol-Tanguy son tee-shirt revendicatif). La secrétaire générale de L’ACER remercia les brigadistes vivants : César Covo, Vincent Almudever, Lise London, Theo Francos.
Javier Ruiz, du Foro por la Memoria, dit que « cet acte renforce le caractère internationaliste de notre solidarité », que les crimes franquistes continuent à jouir de l’impunité, sans la réparation due aux familles. Les Brigades sont toujours notre lumière. Nous ne sommes pas seuls pour mener ce combat. »
Ensuite intervint Pierre Laurent, secrétaire du PCF, ce fut très émouvant de lui entendre dire que « ce fut dans le coin de cette avenue où fut installé le point de départ des Brigades Internationales, venues de tous les pays du monde. C’est un immense honneur pour le PCF d’avoir érigé son siège en ce lieu. Il y a une plaque à l’intérieur, mais une plaque de rue est une geste hautement symbolique. L’engagement des Brigadistes plonge ses racines dans les luttes d’un peuple pour sa liberté, les Brigadistes se rappelaient la Commune de Paris (une portait son nom, la brigade franco-belge).
Aujourd’hui nous appellerions cette soif de solidarité et de fraternité, de liberté des peuples à disposer d’eux-mêmes « défendre la Démocratie ». Il est inutile de se présenter comme des démocrates en foulant aux pieds la mémoire des combattants de la Liberté. Nous vivons à une époque où le risque est réel de repli nationaliste, xénophobe, raciste. Les peuples recommencent à espérer qu’à la mondialisation capitaliste succède une humanité de la solidarité. Les hommes et les femmes que nous honorons ne voulaient pas être des héros, mais ils le furent ».
Ensuite intervint Anne Hidalgo : « La mémoire au-delà des Pyrénées a quelque chose de douloureux à exprimer. Cette guerre d’Espagne et la mémoire des républicains espagnols continuent à nous marquer, la mémoire continue à s’indigner. Je suis la petite-fille d’un homme du peuple ; comme les journaliers agricoles, les peuples d’Andalousie ne résistèrent pas longtemps, mon grand-père entreprit la Retirada (l’Exil). 9000 Français s’enrôlèrent entre 1936 et 1938, c’est un monument que leur doit Paris, dans ce Paris populaire du XIXème arrondissement, ces hommes étaient mus par la volonté de combattre le fascisme. La République était idéaliste, ces hommes étaient des idéalistes de 54 pays, d’horizons différents. Ils durent combattre contre la haine envers la République, envers la laïcité, envers les franc-maçons. Le courage les guidait. Rol-Tanguy anima aussi la Résistance, après son retour d’Espagne, comme beaucoup de brigadistes et de républicains espagnols ».
Enfin on récita un superbe poème à Federico García Lorca, et nous chantâmes avec énergie et un enthousiasme renouvelé « El ejército del Ebro », avant que l’on ne découvre, la nuit étant déjà tombée, la plaque. Il y est écrit : « Ici passèrent des milliers de volontaires français et étrangers de 1936 à 1939 pour s’enrôler dans les Brigades Internationales, pour aider la République espagnole, victime du Général Franco, soutenu par Hitler et Mussolini. Ils furent environ 35 000 volontaires de 54 nations qui combattirent courageusement pour la Liberté et la démocratie aux côtés du peuple espagnol. Parmi eux presque 10000 Français. Ce fut le premier acte de résistance internationale contre le fascisme ».
Voilà les brèves notes que j’ai pu prendre, car on parla beaucoup et avec beaucoup de talent des admirables brigadistes, à jamais nos amis et « légende », comme on a dit poétiquement.
Je ne déplore que le fait que lorsqu’en nous voyant au début, avec drapeau et fleurs tricolores, Claire Rol-Tanguy me demanda si nous appartenions à quelque association, je ne pus lui dire que : « Nous sommes des républicains espagnols de Paris ».
A la fin, après avoir vu la splendide plaque dédiée aux brigadistes, avec la Présidente d’Honneur de la Fondation Juan Negrín, Mme Carmen Negrín, petite-fille du Président du Gouvernement républicain, qui lutta jusqu’à la fin de cette guerre « incivile », Daniel Serrano (ex-combattant républicain originaire de Toledo, mais qui fut sur presque tous les fronts, et finit sur celui d’Almaden, dernière offensive désespérée de la République, le front de l’Est étant déjà coupé), nous nous approchâmes d’Anne Hidalgo et nous lui demandâmes si on mettrait dans la tribune d’honneur le drapeau républicain espagnol lors de la cérémonie de la Libération de Paris le 24 août prochain, puisqu’il n’y était pas cette année, pour représenter les héros de La Nueve, et Mme l’Adjointe au Maire de Paris nous a répondu que « la question est délicate, car elle peut créer des frictions diplomatiques franco-espagnoles ».
Enfin, nous nous exclamâmes : « Vive les Brigades Internationales ! » et Jean-Paul Chantereau, le secrétaire de l’ACER invita le public au pot de l’amitié dans le siège du PCF.
Daniel et moi nous revînmes à la maison satisfaits de voir qu’aujourd’hui il y a bien une plaque sur une avenue parisienne à nos amis brigadistes. Pourvu qu’on leur consacre également bientôt la Place de Vicálvaro à Madrid ! S’il le faut, nous ferons dans ce but, avec les amis de l’AABI, toutes les pétitions qu’il faudra !
Paris, le 10 novembre 2011-11-10
Rose-Marie Serrano